Un ancien enfant des rues expose à la Biennale de Dakar !


affiche 001Le Samu Social Sénégal participe pour la première fois à la Biennale Dak’art 2014. Belle soirée hier soir pour notre vernissage. Notre jeune Abou Barry a été le roi de la fête et a vendu toutes ses sculptures exposées et a également engrangé plusieurs commandes. Une nouvelle vie commence pour cet ancien enfant des rues qui dormait en chien de fusil, seul sur l’avenue Ponty il y a 10 ans !

Rencontré dans la rue en 2004 par les Equipes Mobiles d’Aide, Abou a fait sa première entrée dans le centre du Samusocial en février 2005. Puis sa vie est scandée de fugues, le situant entre la rue et les structures d’accueil. Il totalisera ainsi 8 séjours dans notre centre, 3 séjours dans deux autres centres d’associations et un placement  chez son oncle à Rufisque où il n’a même pas passé 2 jours. Les raisons de ses fugues sont restées longtemps dans le mystère. C’est bien plus tard, en 2007, grâce aux multiples entretiens avec lui, et à une analyse approfondie de son comportement que nous avons compris qu’Abou est un garçon pourvu d’une foi inébranlable et d’une très forte personnalité. Beaucoup de faits s’entassaient dans sa conscience : le souhait  de retrouver les siens (père, mère, frères et sœurs) vivants, le désir d’avoir un travail et d’être utile à ses parents.  Puis vint un moment assez difficile qui a failli faire basculer Abou : il tombe assez gravement malade. Ce n’est qu’en fin d’année 2010 que le jeune Abou a recouvré réellement une santé normale. Il a renouvelé sa demande de médiation familiale et son désir de formation. La  visite chez ses parents a eu lieu en novembre 2009 au moment de la Tabaski. Tous ses parents étaient là sauf son papa qui était mort entre temps. Il y avait un mélange de bonheur et de tristesse. Et à ce moment interviennent des croyances mystiques qui nous ont fait comprendre que Abou ne peut retourner définitivement dans sa famille malgré son souhait : sa maman ne veut pas qu’il reste ; elle dit que c’est la seule façon de sauver son fils. Mais de quoi ? Le lien familial est renoué, mais le retour en famille définitif n’est pas envisageable. Entre temps Abou a découvert la poterie dans un atelier (Le Colombin) où les enfants hébergés par le Samu Social se rendent tous les dimanches matin. Un véritable talent s’est développé… et ainsi, grâce à un système de parrainage (Abou a 12 parrains qui l’ont soutenu financièrement pendant 3 ans), Abou s’est trouvé une chambre et a été placé en apprentissage dans l’atelier. Il a pris de l’assurance et de l’autonomie ; et c’est ainsi qu’aujourd’hui il présente ses œuvres dans le cadre du OFF de la Biennale des Arts de Dakar 2014.